Cette affaire inoubliable reste marquée par la personnalité énigmatique de cette femme accusée du meurtre de son amant, qui inspira en 1961, Henri-Georges Clouzot pour son film « La vérité » avec Brigitte Bardot.
Le 17 mars 1951, Pauline Dubuisson tire trois balles de pistolet sur son ancien amant, et le tue. Condamnée aux travaux forcés à perpétuité, elle n’échappe à la guillotine que grâce à l’unique femme du jury. Car, au- delà du crime passionnel, c’est d’abord une femme que la justice de l’époque condamne. Une femme libre, une étudiante en médecine brillante, une adolescente qui « a couché » avec des Allemands durant la guerre, une « hyène » comme la qualifiera le procureur.
En 1961, alors qu’elle sort de prison, « La vérité » de Georges Clouzot sort sur les écrans avec Brigitte Bardot dans le rôle principal. Le film, tiré de l’histoire de Pauline, va précipiter sa fin tragique.
Note d’intention de Vincent Maillard – Réalisateur
Pauline n’aurait rien voulu de tout cela, mais les choses sont advenues. Son enfance mouvementée durant la guerre. Ce crime comme un accident de la part d’une jeune femme passionnée, sans doute victime d’une instabilité psychologique que l’on ne traitait pas à cette époque. Et puis le procès, la prison, le Maroc, le suicide.
Elle ne voulait rien de tout cela, elle aurait voulu être une femme anonyme, médecin, amoureuse. Elle ne voulait pas être connue, elle ne voulait sûrement pas être une criminelle, et elle aurait tellement voulu être oubliée. Mais c’est impossible. Son histoire est trop bouleversante, et surtout elle incarne trop ce qu’était encore le regard implacable et dominateur des hommes – et de la société de l’après-guerre – sur les femmes.
Je crois que c’est ce décalage, ce « malgré elle » qui m’a le plus touché dans la vie de Pauline. Lorsque l’on lit ses lettres, que l’on consulte les détails de sa vie de prisonnière modèle et généreuse, on finit par avoir l’impression de la connaître. De ressentir que Pauline était simplement une fille intelligente et sympathique. A mille lieux de la « hyène » décrite par le procureur lors de son procès, ou du portrait de la séductrice maladive qu’en a fait la presse.
» Pauline Dubuisson, l’impossible oubli » tente, en s’appuyant sur le travail d’enquête et de réflexion de Philippe Jaenada, sur ces rares photographies, sur la mémoire des lieux qu’elle a fréquentés – et celle d’un neveu qui l’a connue dans son enfance -, grâce aussi aux archives de cette époque et aux séquences dessinées, de comprendre pourquoi son destin tragique demeure à ce point inoubliable.